Novembre 2025 : actualités de l’expédition Plastic Odyssey
Mission Aldabra – Octobre 2025
Aldabra : une mission de nettoyage sur un atoll hors du temps
Imaginez une île où les tortues géantes se promènent comme chez elles, où l’océan semble ne faire qu’un avec le ciel, et où l’humain n’a (presque) pas laissé de trace. Cet endroit existe vraiment : l’atoll d’Aldabra, un joyau de l’océan Indien classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et considéré comme l’un des écosystèmes les plus préservés de la planète.
Enfin… presque préservé.

Car même à plus de 1 000 kilomètres de la première île habitée, le plastique finit par débarquer, poussé par les courants, nous rappelant que nulle part sur terre, on échappe à ce fléau. Bidons, cordages, flotteurs de pêche, tongs par milliers, bouteilles, bouchons, jouets d’enfants : une collection improbable qui raconte l’histoire de notre dépendance au plastique, jusque dans les lieux où personne ne vit.
C’est là que nous avons fait escale en octobre, dans une mission un peu folle : retourner dans les traces de Cousteau et avant lui Darwin, pour aller nettoyer cet atoll quasi inaccessible, aux dimensions XXL. Notre objectif : faire une première mission de reconnaissance pour épauler les gestionnaires locaux de la Seychelles Islands Foundation dans la préparation de ce qui pourrait être le plus grand clean-up d’île déserte jamais réalisé, documenter l’état réel de la pollution sur l’atoll grâce à une cartographie drone précise au millimètre, et tester de nouvelles méthodes de dépollution et de vie dans ces conditions extrêmes.
Au programme : longues marches sur les côtes exposées du sud de l’île, identification des zones à dépolluer, test d’extraction de déchets parfois échoués depuis des années au-dessus d’une barrière de roches karstiques tranchantes, préparation de la logistique des camps de base isolés (eau, énergie, nourriture,…) et quelques rencontres épiques avec les habitants du coin (notamment ceux qui ont une carapace).
Résultat : Une cartographie fine de la pollution, de nouveaux tests de techniques d’extraction concluants, premiers prototypes de mobilier fabriqués sur l’atoll et un pas de plus vers la préparation d’une opération de nettoyage de grande ampleur. Et surtout, une aventure humaine qui rappelle que même les derniers paradis ne sont plus totalement épargnés, mais qu’on peut encore agir.
Pour plonger dans l’expédition, découvrir le journal de bord, les photos et les premiers épisodes vidéo, c’est par ici : https://aldabra.plasticodyssey.org/fr/
Mission Saint-Brandon – Novembre 2025
Saint-Brandon : quand Coco Island nous a pris de court
On était partis confiants : une petite île isolée au large de Maurice, quelques jours devant nous, et l’objectif plutôt raisonnable d’enlever 1 à 2 tonnes de plastique échoué. Mais ça, c’était avant de mettre le pied sur Coco Island, l’une des îles perdues de l’archipel de Saint-Brandon.
Dès les premières minutes, la réalité nous saute au visage : la plage n’est pas une plage, c’est une mosaïque multicolore de déchets plastiques échoués sur des kilomètres carrés.

On commence à ramasser, et là, bilan de première mi-journée, surprise : 1,7 tonne collectée. À 8 personnes. En cette première journée. Sur moins d’un dixième de l’île.
On comprend vite que la tâche dépasse tout ce qu’on imaginait. L’île Coco (5 km de long / 1 km de large) est littéralement recouverte de plastique. Et mauvaise nouvelle : ce plastique est très difficile à collecter, il se dégrade en petits fragments, s’effrite entre nos doigts. On peut littéralement sentir l’urgence de retirer au plus vite ces déchets, avant qu’ils n’intègrent pour toujours, sous forme de micro-particules, l’écosystème de l’archipel.
À bord, c’est branle-bas de combat : on broie, on extrude, on compacte pour faire tenir un maximum de matière sans dépasser la limite critique des 7 tonnes, indispensable pour garder le Plastic Odyssey stable dans une mer de plus en plus creusée. Le bateau finit transformé en véritable fourmilière, recouvert de déchets prêts à être traités.
Même après nos 5,3 tonnes ramassées, il reste probablement deux fois plus de déchets échoués à collecter. Impossible de tout enlever cette fois-ci… et on ne peut pas laisser Coco dans cet état. Un sacré challenge pour les années à venir.
Mais cette mission nous aura offert des enseignements précieux :
- Mieux estimer la pollution en amont : grâce aux drones et à l’analyse d’image, initiés à Aldabra et testés ici, on progresse dans les techniques d’évaluation du volume et du poids avant d’arriver.
- Optimiser le camp de base et l’organisation des équipes : beaucoup d’idées ont émergé sur l’efficacité à terre, la coordination, le rythme, le matériel.
- Imaginer de nouveaux outils : le terrain a fait jaillir une foule de pistes — des systèmes plus rapides, plus solides, plus ergonomiques. On a hâte de les prototyper et de les tester sur le terrain.
Saint-Brandon nous l’a montré : chaque clean-up est unique, avec ses surprises, ses limites, et ses petites victoires. Et parfois, même bien préparés, on se fait (gentiment) rappeler nos limites par une île de 5 km.
Escale à Rodrigues – Novembre 2025
Rodrigues : terrain d’expérimentation pour un monde sans déchets
Profitant de ces deux missions dans l’océan Indien, nous avons fait un arrêt sur Rodrigues, la petite cousine de Maurice, une île paisible où le temps semble arrêter… mais qui a déjà tout compris en matière de déchets. Objectif de l’escale : découvrir l’emplacement de notre future micro-usine, installée en partenariat avec Mautopia. Un projet sur lequel on planche depuis plusieurs mois, et récemment boosté par le soutien du programme Island Plas de l’UICN. Un bon vent dans les voiles.
Il faut dire que Rodrigues fait déjà figure d’exemple dans la région. Depuis plus de dix ans, RodClean y développe des points de collecte différenciée : carton, papier, aluminium, plastique…on a rarement vu ça ailleurs dans l’océan Indien !

Et en janvier 2026, l’île passe encore la vitesse supérieure : collecte sélective et tri obligatoires pour tous les foyers. Une petite révolution du quotidien, qui demande évidemment des solutions locales pour gérer tout ça.
C’est là qu’intervient notre duo Mautopia x Plastic Odyssey. Ensemble, on prépare un conteneur de prétraitement (compactage et broyage, pour le PET et le plastique rigide) qui devrait sortir de terre au premier semestre 2026. Le principe : réduire le volume du plastique directement sur l’île, avant de l’acheminer vers Maurice pour une valorisation industrielle chez des partenaires déjà rodés.
En bref : Rodrigues montre ce qu’une petite île peut accomplir lorsqu’elle décide de devenir un modèle et s’en donne les moyens. Un territoire qui expérimente, innove, et fait avancer toute la région. Et nous, on est ravis de l’accompagner dans cette lancée.
Prochaines étapes
- Cape Town, Afrique du Sud : du 8 au 22 décembre 2025
- Dakar, Sénégal : du 26 janvier au 16 février 2026
- Mindelo et Santa Luzia, Cap-Vert : du 19 février au 11 mars 2026
- Tournée France : avril-juillet 2026