Article rédigé par Alexandre Dechelotte, CCO et co-fondateur de Plastic Odyssey.
Mise à jour du mercredi 3 mars 2021
Il y a 16 mois… Les débuts du navire Plastic Odyssey
9 Octobre 2019
Victoire ! Plastic Odyssey devient l’heureux propriétaire d’un navire de recherche de 40 mètres. Après plusieurs jours de mer à tester l’adéquation entre le navire et les besoins du projet, Simon, Bob et moi-même arrivons à Boulogne-sur-Mer.
Nous débarquons avec deux certitudes : un, le navire est capable de traverser une belle mer agitée sans broncher ; et deux, on ne se débrouille pas mal non plus. Cette traversée était une première pour Bob qui découvrait la navigation au large, et une bonne piqûre de rappel pour Simon et moi après plus de 3 ans sans naviguer. La fatigue et le mal de mer n’ont (presque) pas eu raison de nous.
Dès les formalités d’achat accomplies, nous changeons le nom d’origine “M/V Victor Hensen” pour “M/V Plastic Odyssey”. (“MV” pour Motor Vessel). Aussitôt, nous lançons les travaux d’aménagement et les modifications qui doivent durer 6 à 8 mois.
Le départ est prévu pour juin 2020 après l’ajout d’un nouveau pont à l’arrière pour accueillir les machines de recyclage, la transformation de deux cabines et la création d’une grande salle de conférence et de réception.
Mais quelques mois plus tard, fin février 2020, alors que la covid pointe le bout de son nez en Europe, une découverte vient bouleverser tous nos plans : de l’amiante est détectée à bord. Le chantier est aussitôt arrêté et l’équipage débarque immédiatement. C’est un coup dur pour toute l’équipe.
Les semaines suivantes sont entièrement consacrées à la réalisation d’analyses toujours plus nombreuses et nous comprenons jour après jour à quel point cette découverte va impacter tous les plans du projet : financier, humain, et planning.
La découverte est d’autant plus difficile à accepter qu’avant de choisir ce bateau, nous en avions visité plusieurs qui auraient pu convenir à notre besoin mais que nous avions refusé d’acheter car ils risquaient de contenir de l’amiante. Pour le Victor Hensen, nous avions en notre possession un certificat nous garantissant qu’il n’en contenait pas et avions donc écarté ce risque.
En mars, les travaux démarrent donc pour retirer les fibres trouvées dans les cloisons. Et quand partout dans le monde, le travail, les voyages, et la vie sociale sont stoppés nets par la propagation de la covid, pour nous, les travaux ne font que commencer et avec eux, un véritable cauchemar.
Mise à jour du jeudi 4 mars 2021
Il y a 12 mois : la déconstruction du navire s’opère.
Mars à décembre 2020
En l’espace de 6 mois, nous avons effectué trois phases successives de retrait d’amiante différentes à bord, déconstruisant à regret et petit à petit tout ce qui reste de fonctionnel sur le bateau. Une partie de ces travaux s’effectue à Boulogne-sur-Mer, puis une autre à Dunkerque, où nous prévoyons de faire le gros du chantier qui nous attend une fois ce cauchemar terminé.
En retirant les cloisons contaminées, les sols et les plafonds, nous découvrons l’étendue des travaux qui nous attendent autant pour la remise aux normes que pour la reconstruction. En quelques mois, la totalité du mobilier est retirée dans les cabines et dans tous les espaces de vie, puis toutes les cloisons ou presque sont démontées, suivies par les revêtements de sol… Le navire devient un grand espace de coworking en friche sur plusieurs niveaux ! Des câbles électriques pendent partout à l’intérieur, des tuyaux sont coupés et le bateau est méconnaissable à chaque fois que je l’on s’y rend, même à quelques semaines d’intervalle.
Mais malgré les mauvaises nouvelles découvertes chaque jour, nous avons une très grande chance : l’équipage garde le sourire et reste invariablement optimiste.
Les travaux s’organisent, un sujet après l’autre, les défis sont relevés et nous traversons les épreuves avec de plus en plus de sérénité. Plus on s’approche du fond, plus on sait que la renaissance ne devrait pas tarder.
Merci :
à tous celles et ceux qui ont gardé le sourire durant cette période compliquée. Tout particulièrement, merci à Daniel Cron, notre ami et capitaine aux mille histoires et aux millions de blagues qui motiveraient un pays tout entier à qui on annoncerait un troisième confinement (…) ;
à Fanch, notre chef mécanicien et « pilier historique » qui s’est dévoué corps et âme au navire durant de longs mois ;
à Théo, arrivé à la hâte sur fond de confinement et motivé depuis comme jamais !
à Gwénaëlle, pour son aide bien sûr, mais aussi pour son rire et la découverte d’une facette plus « locale » ;
à Corentin notre stagiaire pour son appui quotidien, sorti grandi de cet embarquement peu commun !à Marielle rayonnante à travers les épreuves, que le sourire ne quitte jamais et qui a déjà tant donné dès les tous débuts ;
à Mathilde, Apolline, Cédric, Louis, et bien d’autres encore !
Sans vous tous, le projet ne pourrait jamais voir le jour.
Et enfin, une pensée pour Gildas Diraison, premier – et seul à ce jour – commandant à avoir fait naviguer notre bateau (dans les conditions rock’n roll d’ailleurs, et qui nous a quittés peu après.
Mise à jour du vendredi 5 mars 2021
Il y a 3 mois : Le début de la renaissance
Décembre à Mars 2021
Après de très longs mois à glisser sur une pente descendante, la tendance s’inverse enfin ! Le moral est au beau fixe car les problèmes découverts se règlent les uns après les autres.
À l’extérieur, on prépare le bateau à accueillir son tout nouveau pont qui logera les machines de recyclage. On modifie l’usage de ce navire en profondeur, il faut donc se projeter dans l’utilisation de chaque espace malgré le désordre visuel du chantier.
Bob orchestre les travaux et se rend régulièrement à bord. Il travaille main dans la main avec Laurent, détaché pour l’occasion par notre partenaire SETEC et chargé de gérer le planning global du chantier.
Début décembre, le nouveau pont dessiné par un bureau d’études partenaire Sofresid, est fabriqué et assemblé sur la partie arrière du bateau. La zone dédiée à l’atelier de recyclage s’étend maintenant sur deux cent mètres carrés et accueillera bientôt les dix machines que l’équipe technique prépare à Marseille – à découvrir très prochainement !
Le matin du 23 décembre, à deux jours de Noël et dans un froid glacial, le navire Plastic Odyssey rejoint enfin la cale sèche.
En quelques heures, l’eau de la forme n°5 est vidée, et le navire repose désormais sur sa quille.
Des échafaudages sont montés immédiatement pour que les travaux sur la coque commencent.
C’est impressionnant de voir à quel point tout s’accélère. Les ancres et les chaînes sont déroulées sur le fond de la cale, la coque est renforcée aux endroits où les mesures d’épaisseurs sont insuffisantes, le propulseur d’étrave est sorti pour être révisé, l’arbre d’hélice et les pales démontés.
En février, la coque du navire est prête à être repeinte. L’étape de la peinture n’est pas la partie la plus complexe du chantier, loin de là, mais c’est vraiment l’une des étapes les plus marquantes et les plus concrètes. En quelques jours à peine, le navire est métamorphosé. Il est maintenant aux couleurs de Plastic Odyssey.
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Présentation du navire
Rendez-vous mardi prochain (9 mars) pour découvrir la nouvelle apparence du navire à l’occasion de sa remise à l’eau, en direct du port de Dunkerque.
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