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Visites terrain : à la rencontre des initiatives du recyclage en Égypte

Plastic Odyssey est parti à la rencontre des entrepreneurs du recyclage au Caire. Voici quelques exemples d’initiatives rencontrées pendant notre escale.

Une escale aux galères pharaoniques

Plus jamais l’Égypte ! C’est en effet le sentiment général à la fin de nos 3 semaines de calvaire au port d’Alexandrie. Nous avions de grandes attentes pour cette escale mais rien ne s’est passé comme prévu. Toutes nos actions ont été freinées voire bloquées par les autorités locales et portuaires. Aucun journaliste n’a pu venir nous rendre visite. Nous n’avons pas réussi à faire monter des enfants à bord, ni à faire sortir les Malles aux Trésors du navire.

Mais malgré toutes ces difficultés, nous avons rencontré de belles initiatives en explorant le Caire. En voici quelques-unes :

VeryNile, débarrasser le Nil des déchets plastiques

Activité : collecte et transformation de bouteilles en PET

L’association VeryNile est située sur une île au cœur du Caire, sur le Nil. Ils disposent de petits locaux et pour nous y rendre, ils nous font traverser le bras de rivière en bateau. C’est probablement une des croisières les plus courtes au monde. L’association travaille avec des pêcheurs locaux pour collecter les bouteilles en PET. Cette initiative permet aux pêcheurs de mieux gagner leur vie que lorsqu’ils pêchent du poisson. L’association collecte environ 10 tonnes de plastiques chaque mois, principalement des bouteilles en PET mais aussi des déchets plastiques divers.

Actuellement, VeryNile met en balles les bouteilles et revend le reste des plastiques pour de l’incinération dans les cimenteries. Cependant, ils ont également démarré une activité de confection de sacs, pochettes d’ordinateurs, etc. en utilisant des machines à coudre pour fabriquer un tissu à partir de sacs plastiques agglomérés à l’aide d’un fer à repasser.

La prochaine étape pour l’association est de construire des machines pour fabriquer des plaques à partir des plastiques durs (bouchons, bidons, etc). L’import de machines étant très compliqué, leur objectif est de tout faire construire sur place.

Les Zabbaleen

Le quartier des zabbaleen est un quartier du Caire où se concentrent les travailleurs qui traitent les déchets de la ville. Il s’agit d’une communauté de Coptes, qui a longtemps survécu grâce aux poubelles mais qui a vu ses conditions grandement s’améliorer au fil des décennies et une partie de son activité se formaliser. Le quartier compte désormais une majorité d’entreprises déclarées, grâce à l’effort et au dévouement d’un homme que nous avons rencontré, Esat Naim, qui a consacré sa vie à aider les travailleurs du quartier pour améliorer leur conditions de travail et de vie. Le quartier compte pas moins de 75 000 personnes qui traitent 25 000 tonnes de déchets du Caire, soit les deux tiers (le tiers restant provient des quartiers pauvres qui ne produisent pas suffisamment de déchets valorisables).

Les poubelles sont collectées gratuitement au porte à porte auprès des habitants. L’organisation du quartier est un bel exemple d’économie circulaire et prouve une fois de plus que la contrainte engendre beaucoup d’innovations. Les déchets organiques, soit environ 50% du total, sont utilisés pour nourrir et élever 500 000 cochons et 50 000 chèvres. Les bêtes sont ensuite revendues pour la viande, et le fumier est transformé en compost. Le reste des déchets est composé de carton, mis en balle et revendu et de déchets plastiques. C’est évidemment sur ces derniers que nous avons focalisé notre attention. Là encore, on trouve dans ce quartier un inspirant écosystème collaboratif. Chaque entreprise familiale a une spécialité : le tri des plastiques, le broyage à l’aide de gros broyeurs industriels, le lavage, le séchage et l’extrusion. Le quartier ne compte pas moins de 2 000 extrudeuses qui produisent majoritairement du granulé, à l’exception de quelques entreprises qui transforment en produit fini (des cintres qui ne sont pas de très bonne qualité).

Si nous avons beaucoup appris du modèle collaboratif du quartier, il est malheureusement clair que les conditions de travail restent médiocres. L’espérance de vie est basse et les travailleurs souffrent de nombreuses maladies qui résultent du manque de protection par le contact avec les déchets, aux fumées de plastique, etc. Nous avons également découvert un peu plus loin au Caire des experts de la maintenance des machines. Ici, pas de cimetière d’extrudeuse, même en fin de vie, lorsque la vis sans fin est trop usée, du métal est ajouté par un soudeur qui réalise un cordon de soudure sur la surface usée. La vis est ensuite meulée et ajustée grâce à un gigantesque tour.
Nous n’avons jamais vu ça ailleurs qu’au Caire, l’expertise en termes de recyclage est remarquable mais il reste beaucoup d’amélioration à mettre en place.

TileGreen, la technologie au service du recyclage

Activité : fabrication de pavés en plastique recyclé

La société TileGreen a développé une technique innovante pour fabriquer des pavés très résistants à base d’un mélange de plastiques de faible valeur tels que des sacs plastiques et des emballages. Ils ont également mis au point une technique pour teindre les pavés dans la masse, leur permettant de proposer différentes couleurs.

TileGreen est capable de produire 1 000 mètres carrés de pavés par mois, soit environ
50 000 pavés et 40 tonnes de plastique recyclé par mois. L’entreprise emploie environ 20 employés et a déjà levé plus de 200 000 dollars pour lancer sa première usine pilote. Amr Shalan le fondateur ne compte pas s’arrêter là. Il envisage une deuxième levée de fonds pour agrandir son usine et exporter le concept ailleurs.

Fab Lab Egypt, les spécialistes de l’impression 3D

Depuis son lancement en 2012, Fab Lab Egypt est devenu le leader du mouvement maker en Égypte et dans la région. Poussé par le manque d’apprentissage pratique dans l’éducation et son impact sur l’économie, il a réussi à rassembler une communauté de plus de 70 000 personnes. Le Fab Lab est hébergé dans une sorte de grande villa d’un quartier résidentiel du Caire. Il dispose de beaucoup de petites imprimantes 3D et de laboratoires électroniques, assez habituels pour un Fab Lab mais ce n’est pas tout. On découvre, au détour d’une balade dans le jardin, une grande machine CNC abritée sous un hangar, un broyeur et une petite extrudeuse plastique. On comprend vite la volonté de transiter vers de la fabrication plus industrielle.

Au Fab Lab, nous sommes accueillis par Mohamed Hussein qui avait candidaté à l’OnBoard Lab l’année dernière. Mohamed est expert de l’impression 3D et veut travailler sur un prototype d’impression de déchets plastique à grande échelle. Il a fait une thèse sur l’impression 3D pour la construction et a imaginé une manière frugale de construire de grandes imprimantes. Il voudrait maintenant appliquer le concept à l’impression plastique, inspiré par le projet hollandais The New Raw.

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