D’une mer à l’autre : le Plastic Odyssey franchit le détroit de Gibraltar
Une traversée mouvementée
Le soleil peine à se lever sur le rocher de Gibraltar. Ce 17 janvier 2023, le Plastic Odyssey, pris dans les derniers soubresauts de la tempête Gérard, voit s’éloigner dans son sillage le mythique rocher frappé par la pluie. Avec lui se tourne également une page importante pour l’expédition : la fin de ce tour de Méditerranée, pour entamer la phase Atlantique de la mission.
« Le détroit de Gibraltar, c’est un passage mythique, au même titre que celui de Magellan ou le cap Horn. Alors le passer dans ces conditions… » sourit Emmanuel Wasiak, le commandant du Plastic Odyssey. Pour celui-ci qui avait déjà traversé le détroit une bonne dizaine de fois mais sous une météo plus clémente, « ces conditions » se traduisent par un vent de 35 à 40 nœuds établis avec des rafales à 50 – soit près d’une centaine de kilomètres-heure –, sous une mer démontée. « Si on avait pu, on aurait attendu quelques heures que le mauvais temps passe, mais il fallait absolument arriver à Tanger à temps pour respecter le programme de l’escale ».
Une fois le Plastic Odyssey ainsi à l’abri du port marocain après plusieurs heures de tempête, la jeune lieutenante de quart pendant la traversée ne cache pas son soulagement. « Ce sont des conditions difficiles dans un passage très fréquenté, sans parler du fait que nous avons croisé la route de l’Ocean race, avec plusieurs voiliers de course autour de nous. Forcément il y avait du stress, mais c’est stimulant. On ne veut pas décevoir l’équipage ni faire d’erreurs » raconte Océane Rivalain, 26 ans, passée lieutenante tout juste un mois plus tôt après des années à naviguer en tant que matelot.
Tanger, quatrième escale de l’expédition
Sous le ciel de Tanger à nouveau bleu, l’équipage se tourne maintenant vers le programme de cette escale. Deux semaines riches en échanges avec les entrepreneurs locaux et en visites à travers tout le Maroc, de Rabat à Casablanca en passant par Marrakech. Mais ces quelques pas en dehors de la Méditerranée, après plus de trois mois à la sillonner de part en part, sont aussi l’occasion d’un premier bilan. « Les trois premières escales, Beyrouth, Alexandrie et Bizerte, nous ont vraiment permis d’affiner notre organisation, notre façon de construire un programme d’escale, mais aussi de prendre conscience de l’importance du suivi après notre passage » estime Morgane Kerdoncuff, responsable du programme des escales, à bord depuis le départ du navire à Marseille.
Car après seulement trois mois de mission, la masse d’enseignements récoltée s’avère déjà gigantesque. Des technologies, des outils, des modèles économiques découverts au gré de ces rencontres méditerranéennes doivent maintenant être digérés, synthétisés, pour pouvoir être partagés au fil des prochaines escales. Le tout, en continuant d’accompagner sur le long terme les dizaines d’entrepreneurs déjà passés par l’OnBoard Lab à bord du Plastic Odyssey.
En préparant cette nouvelle escale à Tanger, l’équipe travaille également en parallèle sur les suivantes, entre l’Afrique et l’Amérique du Sud. « Avec l’arrivée dans l’Atlantique et cette nouvelle année d’expédition qui commence, le projet entre dans un autre stade de maturité », reprend Morgane Kerdoncuff, jonglant entre deux visites et une conférence de presse. « Nous allons à la rencontre de cultures encore différentes, avec d’autres problématiques que ce que nous avons vu en Méditerranée. »
La suite de l’aventure
Après avoir longé les côtes africaines, le navire mettra ensuite le cap sur le Brésil puis les Caraïbes avant de quitter l’Atlantique via le canal de Panama en fin d’année. « La transatlantique, prévue fin avril, sera une nouvelle étape symbolique pour la mission, doublée en plus d’une traversée de l’équateur » se réjouit déjà le commandant du Plastic Odyssey. En espérant que le voyage soit moins mouvementé que le passage de Gibraltar…
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