Lancement d’un projet de recyclage du plastique au Nigeria
En partenariat avec des chercheurs et des organisations universitaires, le projet vise à implanter deux micro-usines de recyclage sur les campus de ces universités. L’objectif est de travailler conjointement sur un process de recyclage adapté aux besoins locaux, afin de développer la filière de valorisation du plastique dans le pays. Initié par l’Ambassade de France au Nigeria, ce projet s’inscrit dans le cadre du financement du French Embassy Fund (FEF) en partenariat avec Plastic Odyssey Factories et d’autres partenaires, notamment pour la mise en place de FabLabs sur les campus.
La gestion des déchets au Nigeria
Avec une population de plus de 229 millions d’habitants, le Nigeria devrait devenir le troisième pays le plus peuplé au monde d’ici 2100. Le contexte économique local et les relations internationales étant compliqués, l’emploi chez les jeunes s’impose comme un défi majeur pour les années à venir ! Par ailleurs, le développement démographique rapide et le manque d’infrastructures adéquates ont conduit à une gestion des déchets problématique. Chaque année, le pays produit 2,5 millions de tonnes de plastique, dont 870 000 tonnes à Lagos, et moins de 10 % de ces déchets sont recyclés dont 13% sont des plastiques. La mise en place de solutions locales efficaces est donc essentielle. Cette collaboration avec les universités vise à lancer un projet solide et pérenne, permettant une appropriation complète des solutions de traitement et de valorisation des déchets pour répondre aux besoins locaux.
La mise en place du projet de recyclage
Première étape : visites des campus universitaires
Fin juin 2024, nous nous sommes rendus au Nigeria pour visiter les deux campus universitaires. Ces visites avaient pour but d’étudier la faisabilité de l’implantation des micro-usines, d’évaluer les intérêts pour la recherche, de mesurer la capacité de production locale d’un point de vue technique, de mieux comprendre le système actuel de gestion des déchets et enfin de réfléchir aux synergies possibles avec les projets étudiants. Ces premières visites ont ainsi permis de définir ensemble la filière de recyclage la plus adaptée aux différents campus, pour que les solutions proposées répondent le mieux possible au contexte et aux besoins locaux. À l’issue de ces visites, la conception finale des deux micro-usines de recyclage a été validée afin que Plastic Odyssey Factories, notre filiale implantée à Dakar au Sénégal, prépare l’implantation des deux unités pour début 2025.
Deuxième étape : assistance technique et formation
Début 2025, nous fournirons une assistance technique pour l’installation des deux micro-usines ainsi que pour la formation des équipes académiques et opérationnelles. Des formations seront également dispensées aux étudiants volontaires afin de susciter leur intérêt et de lancer un programme de sensibilisation.
Présentation des Universités partenaires
Nile University of Nigeria
Nile University of Nigeria est basé à Abuja, la capitale du pays, dans un campus récent et en pleine expansion. De nombreux matériaux de construction sont nécessaires, ainsi que des fournitures à destination du campus et des communautés alentour. L’université compte plus de 11 000 étudiants et s’agrandit de jour en jour. Néanmoins, le système de gestion des déchets actuel sur le campus n’inclut pas aujourd’hui de valorisation. Pourtant au sein du campus, un système informel s’est mis en place où les hommes et femmes de ménage collectent certains déchets à haute valeur pour les revendre hors du campus et ainsi gagner un complément de revenus. Un nouveau modèle est donc à imaginer avec les acteurs actuels lors du lancement de la micro-usine. Sur le plan académique, les chercheurs sont très enthousiastes à l’idée de développer des projets autour des matériaux composites à base de plastiques, de minéraux ou de géopolymères. Un projet de recherche sur le sujet est d’ores et déjà en cours.
Le campus dispose également d’un important atelier de mécanique, permettant de fabriquer des équipements et d’imaginer des ajouts ou des modifications de la filière de recyclage, ce qui favoriserait le développement en interne du projet et donc son appropriation. Par ailleurs, au-delà de la sphère technique, un centre d’entrepreneuriat sur le campus accueille de nombreux projets et étudiants, dont certains s’intéressent à la valorisation des déchets. Cela ajoute une dimension commerciale et entrepreneuriale au projet, essentielle pour assurer sa viabilité à long terme.
Université de Lagos (UNILAG)
L’Université de Lagos (UNILAG) est située dans la capitale économique du Nigeria, qui compte plus de 30 millions d’habitants. Le campus accueille à lui tout seul plus de 55 000 étudiants, sans compter les professeurs et le personnel, formant une véritable ville. Depuis 2014, l’université dispose de son propre système de gestion des déchets, comprenant un système de collecte et de tri. Deux entreprises privées mandatées par l’université collectent les déchets sur le campus et les acheminent vers un centre de gestion interne. Ce centre est associé à une décharge où une troisième entreprise récupère des matériaux de haute valeur, notamment certains plastiques rigides et des canettes en aluminium, pour les revendre à des recycleurs hors du campus.
L’université est très pluridisciplinaire, avec un département d’ingénierie et de mécanique qui dispose d’un intérêt marqué pour les matériaux, et un centre d’entrepreneuriat très dynamique, formant ainsi un écosystème très favorable pour le développement d’une filière de recyclage et de valorisation du plastique. Un site est déjà prévu pour accueillir la micro-usine. Plusieurs modèles commerciaux ont été imaginés pour les débouchés possibles des plastiques recyclés, notamment dans la fourniture et le mobilier. Ces modèles pourront être testés par les chercheurs responsables, en collaboration avec des projets d’initiatives étudiantes et entrepreneuriales.
Les Local Factories de Plastic Odyssey sont inspirées des innovations et des systèmes utilisés sur le terrain dans le monde entier. Elles rassemblent sous forme d’un conteneur toutes les machines nécessaires à la transformation d’un déchet en nouveau matériau ou en objet.