Récit d’un chantier naval aux mille péripéties
Vendredi dernier, le MV Plastic Odyssey devait appareiller de Marseille pour rejoindre ses premières escales en mer Méditerranée.
Mais ce 12 novembre, il n’y a pas eu d’adieux, ni d’embrassades, ni de “ Bon vent “ envoyés depuis les quais du Vieux Port de Marseille. Car ce vendredi comme aujourd’hui, notre fier navire était encore amarré au quai du port de Dunkerque. Il s’apprête à subir une réparation de structure importante sur la partie arrière de sa coque. Une réparation imprévue et de longue durée qui remet en cause le calendrier du départ et le repousse de plusieurs mois.
La déception passée, nous avons eu envie de vous raconter les mille et unes péripéties que nous avons vécues depuis 2019, date à laquelle nous avons acheté le navire Victor Hensen. Récupérer un navire des années 70 et le transformer en atelier de recyclage flottant, l’idée est folle, nous le savions, et elle nous a valu quelques suées.
Mais il faut toujours un coup de folie pour bâtir un destin ! (Ceci n’est pas de nous, mais de Marguerite Yourcenar).
Et aujourd’hui, on vous partage les derniers mois qui ont rythmé notre quotidien.
Retour sur le chantier du navire
À défaut de récits héroïques de notre navire traversant mers océans déchaînés, voici donc l’histoire de la traversée de notre première tempête : celle d’un chantier aux multiples embûches, celles de notre aventure dans l’aventure – dans laquelle nous avons laissé quelques plumes – en bref, l’histoire de notre navire Plastic Odyssey :
Octobre 2019
Après plusieurs mois d’études et de recherche, nous devenons les heureux propriétaires du MV Victor Hensen au retour d’une navigation depuis le Danemark. C’est un navire de 40 mètres construit en 1974 et qui naviguait jusqu’alors en mer du Nord pour mener des missions de recherche océanographique. Il emprunte son nom au biologiste allemand Victor Hensen, à qui l’on doit la découverte du plancton. Nous le rebaptisons MV Plastic Odyssey et l’arborons d’un pavillon français. Ce bateau semble être LE navire idéal pour notre expédition : grande capacité d’accueil d’équipage, polyvalence des espaces, très faible consommation de carburant… Et en prime, un certificat nous garantissait l’absence d’amiante à bord.
Février 2020
Premier rebondissement. Nous découvrons que ce certificat était erroné : à peine le chantier démarré, de l’amiante est trouvé à bord. L’équipage débarque immédiatement et le bateau est mis sous quarantaine. En plein hiver, dans le port de Boulogne-sur-Mer froid et pluvieux, et en pleine crise Covid-19, la première phase de désamiantage commence sur le navire. Première d’une (trop) longue série, mais nous ne le savons pas encore.
Été 2020
Nous nous lançons dans la suite des travaux pour transformer le navire en laboratoire du recyclage flottant. Le MV Plastic Odyssey est acheminé vers Dunkerque dans le chantier Damen pour y construire le nouveau pont qui, une fois positionné sur la partie arrière, abritera l’atelier de recyclage. À l’intérieur, on opère un deuxième désamiantage pour retirer toute trace d’amiante à bord et tirer un trait sur ce risque une fois pour toute.
Hiver 2020/2021
Les désamiantages sont terminés et laissent le navire à nu : plus aucune cloison, plus d’équipements en passerelle… une coque presque vide qui doit maintenant être entièrement réaménagée. Mais des nouvelles mesures d’épaisseur de coque révèlent quelques faiblesses qui n’avaient pu être détectées avant le retrait de toutes les cloisons. De nombreux travaux de chaudronnerie sont alors entrepris pour donner une nouvelle vie à ce navire, autant sur le fond que sur la forme et le chantier ne cesse de s’étendre sur le calendrier déjà bien chargé.
Mars 2021
L’espoir renaît. Après des mois difficiles de chantier, le navire sort de cale-sèche en arborant fièrement les couleurs de Plastic Odyssey. Les travaux doivent se terminer dans quelques mois et l’équipe prépare les premières escales de notre expédition qui doivent commencer à la fin de l’été.
Juillet 2021
Les expertises obligatoires sont validées. Fin août c’est certain, le navire prendra le départ pour le tour de France. Reste une dernière réparation sur un plafond de ballast et le tour sera joué.
Août 2021
Cette dernière réparation a laissé entrevoir l’état catastrophique d’un ballast qui n’avait jamais été visité avant, en presque 50 ans de vie du navire. La structure est peut-être endommagée. Le temps est suspendu – le départ n’aura pas lieu le 27 août.
Septembre 2021
La décision est prise de refaire le ballast défectueux en totalité. Cela prendra des mois Il faut trouver un autre chantier car les cales-sèches de Dunkerque ne peuvent plus nous accueillir pour ces nouveaux travaux. Branle-bas de combat pour analyser la situation qui impacte autant le planning que le budget. Avec l’aide de nos partenaires nous étudions les prochaines étapes à réaliser pour avancer au mieux malgré la tempête. Toutes les pistes sont alors explorées.
Octobre 2021
Nous validons la piste d’un chantier à Saint Nazaire qui propose de réaliser les travaux. L’équipage se prépare pour acheminer le navire de Dunkerque à Saint Nazaire. Départ prévu fin novembre. Histoire de la traversée à suivre prochainement sur nos réseaux sociaux.
Prochaines étapes
Ces rebondissements nous ont appris une chose importante : nous avons choisi de recycler un navire ancien et ce choix n’était clairement pas la voie la plus facile. Nous écrivons avec cette histoire une aventure dans l’aventure que nous ne sommes pas prêts d’oublier.
La nouvelle date du départ ? Voici un deuxième apprentissage de taille : tant que ce navire ne naviguera pas vraiment, nous ne pourrons pas valider une date de départ exacte pour notre tour du monde.
Visite virtuelle du navire Plastic Odyssey en chantier
Plongez-vous dans le navire en plein chantier avec cette visite virtuelle dont les images en 360° ont été réalisées en juillet dernier.
Lien de la VR : https://my.matterport.com/show/?m=WeVstqN8z2L
Pour répondre à toutes vos questions sur le chantier et pour vous raconter comment nous nous agissons contre la pollution plastique et démarrons l’exploration sans le navire, nous vous donnons rendez-vous :
Mercredi 24 novembre prochain en Live sur BRUT Live
On vous racontera nos meilleures et pires anecdotes du chantier, les premières villes dans lesquelles nos machines seront installées et notre plan d’action pour 2022.
Le tout en direct dans une interview exclusive à vivre en direct sur Brut Live le 24 novembre et réalisée par Clémentine Rouve, journaliste chez Brut.
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